Habitations autonomes : les principales tendances au Québec

Que choisissent les Québécois qui souhaitent assurer l’autosuffisance énergétique de leurs maisons ? Et comment le milieu du génie et, plus globalement, la société envisagent-ils l’immobilier durable?

Qu’est-ce qu’une maison autonome en 2021? C’est un bâtiment totalement indépendant, c’est-à-dire qu’il n’est raccordé ni aux réseaux d’électricité, ni à ceux d’eau et de gaz. Ce type de logement produit donc les ressources qui lui sont nécessaires en électricité, en chaleur ou encore en eau par l’intermédiaire de panneaux solaires en autoconsommation, de citernes ou d’autres installations pour produire de la chaleur.

Maisons à consommation énergétique Net Zéro

Grâce au programme de certification lancé en mai 2017 par l’Association canadienne des constructeurs d’habitations (ACCH), l’industrie et les consommateurs disposent des normes techniques pour obtenir un bâtiment de type carbone neutre, selon deux niveaux : les Maisons Nette zéro (MNZ) et les Maisons prêtes pour le Net Zéro (MpNZ).

Dans les faits, la MNZ consomme autant d’énergie pour l’électricité et le chauffage qu’elle en produit en l’espace d’un an. Son bilan annuel énergétique est par conséquent neutre et ses émissions de gaz à effet de serre, compensées à 100 %.

La MpNZ, de son côté, est une MNZ qui ne possède pas encore d’installations destinées à la production d’énergies renouvelables, mais dont les aménagements spécifiques facilitent la transition vers une MNZ.

Un exemple québécois de maison autonome

Parmi les MNZ achevées et fonctionnelles au Québec, on trouve le triplex Abondance le Soleil dans l’arrondissement de Verdun, à Montréal. L’immeuble inclut trois logements de près de 100 mètres carrés chacun. On peut facilement l’identifier aux panneaux solaires dressés sur son toit.

Panneau solaire sur toit

Le triplex Abondance le Soleil est la première copropriété entièrement solaire au Canada. Ce bâtiment se distingue par sa consommation énergétique nulle et par son apport positif en énergie vers Hydro-Québec. On y retrouve une enveloppe de bâtiment ultra-performante avec une grande étanchéité aux infiltrations d’air. Plus en détails, l’immeuble contient des fenêtres à triple épaisseur de verre, des panneaux solaires photovoltaïques et thermiques intégrés à une pergola ombrageant le toit-terrasse, des récupérateurs de chaleur des eaux grises, une gaine de ventilation naturelle intégrée à l’architecture, de la géothermie et un interrupteur principal de courant dans chaque logement. Pour couronner le tout, le bâtiment est équipé d’appareils à faible consommation d’eau.

La dimension écologique du triplex est renforcée par son emplacement à proximité des commerces, des transports en commun et des pistes cyclables, d’après la fiche de présentation du projet réalisé par le groupe Écohabitation.

Des maisons autonomes et résilientes

Ce type de logement fait partie des Cinq mouvements de l’habitation de demain : la mini-maison, la maison à faible empreinte écologique (par exemple les MNZ canadiennes), la maison haute performance, la maison saine et naturelle et la maison autonome et résiliente.

Techniquement, une maison est dite autonome et/ou résiliente si elle produit les ressources suivantes : eau potable, chauffage, climatisation, électricité. Le petit plus, c’est qu’elle fournit également une partie, ou la totalité des besoins en nourriture pour ses habitants.

Pour ce faire, les principes de la permaculture (forêt nourricière ou aménagement comestible) appliqués dans l’aménagement d’un terrain, ou bien l’intégration d’une serre d’abondance adjacente sont préconisés. La méthode d’ingénierie OBREDIM est un outil permettant de concevoir des designs en permaculture. Cet outil qui se décline en sept étapes est utilisé par les ingénieurs pour l’aménagement et l’environnement.

Culture connectée sous serres

Des formations pour les professionnels du bâtiment durable

Depuis 2002, le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) et le système d’évaluation Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) Canada ont contribué à redéfinir les bâtiments dans leur conception, leur construction et leur exploitation.

Au cours de la dernière décennie, le CBDCa a accordé une certification LEED à plus de 1 000 bâtiments au Canada et en a inscrit plus de 4 000 à la certification. Des certifications en design et construction de bâtiment durable sont régulièrement proposées et mises à jour pour les ingénieurs du bâtiment qui souhaitent s’orienter dans cette voie. Au Québec, plus de 1200 professionnels du bâtiment, dont les ingénieurs, disposent d’une des certifications LEED. Ces titres professionnels prouvent que leurs détenteurs ont des connaissances à jour sur les technologies et les pratiques en matière de bâtiment durable.

Opportunités et avenir dans le secteur du bâtiment durable

Selon le rapport Le bâtiment durable comme élément moteur au Canada, une croissance importante du secteur de la construction au Québec est à prévoir au cours de la prochaine décennie. L’industrie du bâtiment durable pourrait fournir jusqu’à 314 757 emplois directs et générerait un PIB de 31,7 milliards de dollars d’ici 2030, dans la mesure où le gouvernement provincial mettrait à jour son code du bâtiment et encouragerait l’électrification des bâtiments.

Par ailleurs, un mouvement vers des bâtiments durables s’amorce dans les villes québécoises signataires de la Déclaration sur les bâtiments à émissions de carbone zéro. Ce document prévoit que l’exploitation de tous les nouveaux bâtiments sera de type carbone zéro d’ici 2030, et que cette mesure s’appliquera à l’ensemble des immeubles d’ici 2050. Nul doute donc que l’’industrie du bâtiment durable soit en plein essor !