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ENTRETIEN - La construction durable selon la firme de génie-conseil GBI
Sophie Ginoux
23 décembre 2021
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7 minutes à lire
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La conception de l’école primaire Curé-Paquin, la toute première au Canada dotée de la certification Bâtiment à carbone zéro, a remporté en 2021 les plus prestigieux prix en génie-conseil au pays. Entretien avec l’ingénieur Maxime Boisclair, directeur du développement durable chez GBI, au sujet de ce projet inspirant.
À quoi ressembleront nos écoles dans le futur ? Et plus largement nos bâtiments publics et privés ? Cette question, Maxime Boisclair et l’équipe de la firme GBI se la posent depuis de nombreuses années en intégrant dans leurs projets de construction une vision durable innovante.
Une vision dont l’école primaire Curé-Paquin, située dans le CSS de la Seigneurie-des-Mille-Îles, est un excellent exemple, puisqu’il s’agit de la toute première école canadienne à avoir décroché la précieuse certification Bâtiment à carbone zéro – Design en 2019. Ce qui signifie qu’il s’agit d’un bâtiment à carbone zéro écoénergétique, produisant sur place ou se procurant de l’énergie renouvelable sans carbone pour compenser les émissions annuelles associées à l’exploitation du bâtiment. Il s’agit également d’une construction répondant aux normes LEED certifié Or.
Dire que le projet mené par GBI a marqué les esprits serait un euphémisme. Effectivement, il a été coup sur coup en 2021 lauréat d’un Grand prix québécois du génie-conseil (AFG), du Prix ESTim (Chambre de commerce de l’Est de Montréal), ainsi que du Prix canadien d’excellence et du Prix de l’ingénierie (AFGC).
Maxime Boisclair de la firme GBI et une photo de façade de l’école Curé-Paquin
Il a même été qualifié de visionnaire par Jennifer Drake, la présidente du jury des Prix canadiens du génie-conseil. « Voici ce à quoi le Canada devrait ressembler », a-t-elle indiqué, s’associant aux autres membres du jury qui ont expliqué leur choix en précisant « que ce projet servira de modèle d’école, car il va au-delà des économies d’énergie et sert de guide à la prochaine génération pour ce qui est de l’apprentissage de pratiques durables. »
On n’en vient pas à réaliser des projets aussi ambitieux que celui de l’école Curé-Paquin en un claquement de doigts. Maxime Boisclair, qui travaille depuis 18 ans en génie-conseil, a intégré graduellement de nouvelles pratiques dans ses projets.
« On réfléchissait déjà aux économies d’énergie il y a 20 ans, puis la réduction du recours à des énergies fossiles, par exemple en réalisant des bâtiments alimentés par de la géothermie – ce qui est le cas de l’école Curé-Paquin – est arrivée dans un second temps, raconte-t-il. Avec ce projet, nous sommes cependant allés encore plus loin en travaillant de concert avec l’équipe d’architectes pour limiter au maximum les pertes d’énergie dans la bâtisse, ainsi qu’en implantant plusieurs technologies pour réduire la consommation énergétique et l’impact environnemental. »
Il faut cependant rappeler que même si l’école Curé-Paquin fait figure de modèle à suivre, elle ne représente pas encore une panacée dans le milieu de la construction. Voilà pourquoi M. Boisclair interpelle ses confrères, mais aussi les institutions qui commandent et financent les projets, concernant l’importance de les penser en termes de durabilité dès leur genèse.
« Le rôle et la responsabilité des ingénieurs-conseil sont essentiels en matière environnementale. Ils doivent s’adresser à des clientèles qui n’ont pas toutes le même niveau de connaissances et les guider dans leurs choix. Mais cette expertise est encore parfois un peu prise à la légère, en priorisant un budget et des échéanciers au détriment de solutions durables. Or, quand on décide d’équiper une structure d’une alimentation en énergie basée sur des combustibles fossiles, c’est un choix qui aura un impact sur une période de 50 à 75 ans, et qui deviendra donc rapidement un fardeau pénible à porter. »
L’ingénieur-conseil se veut tout de même optimiste. « Beaucoup de clients privés sont conscientisés aux notions environnementales et y voient une plus-value non négligeable. Nous n’avons par contre pas automatiquement la même ouverture de la part des institutions publiques. Mais je pense que tranquillement, nous allons y arriver. »
Maxime Boisclair sait très bien de quoi il parle, puisqu’il doit souvent travailler fort pour convaincre les institutions financières d’accepter de transposer à la construction une partie du budget destinée initialement aux opérations des bâtisses. « Les modélisations énergétiques paraissaient un peu ésotériques au début, avoue-t-il, mais elles sont maintenant très fiables et présentent les économies d’énergie concrètes réalisables en investissant dans des matériaux, procédés et innovations dès l’étape de la construction. »
Bibliothèque de l’école Curé-Paquin
Comment parvient-on à réduire de 45 000 dollars par année les coûts en énergie, de 60% cette consommation et de 2880 tonnes celle de CO ² sur une période de 60 ans dans une bâtisse ? En intervenant à tous les niveaux de la conception.
La firme GBI a tout d’abord implémenté plusieurs technologies connues ou plus innovantes dans l’école Curé-Paquin. On retrouve parmi elles un système géothermique pour le chauffage et la climatisation composé de 36 puits géothermiques faisant chacun 300 pieds de profondeur. Ce système est couplé à un accumulateur thermique, qui permet d’emmagasiner de l’énergie lors des heures creuses et de le redistribuer au besoin à certaines périodes de la journée. De plus, un système de récupération d’énergie à très haute efficacité permet de récupérer la chaleur contenue dans l’air évacué afin de préchauffer l’apport d’air neuf.
Parallèlement, un système de contrôle avancé du bâtiment, des planchers radiants et des éclairages DEL contrôlés par des détecteurs de présence ont été mis en place, de même que des panneaux solaires photovoltaïques d’une capacité de 27 kilowatts sur la toiture du gymnase de l’école. Ces derniers à eux seuls permettent de produire sur place 10% de l’énergie nécessaire annuellement pour le bâtiment.
L’équipe de Maxime Boisclair a également travaillé étroitement avec celle de Leclerc Architectes pour concevoir une structure répondant à des normes environnementales élevées. « Ce travail commun est essentiel, explique l’ingénieur, car il y a souvent de grosses pertes d’énergie que l’on peut éviter en pensant mieux l’enveloppe architecturale. Nous avons par exemple optimisé la fenestration de l’édifice en remontant un peu les fenêtres au-dessus du sol, ce qui permet de perdre moins d’énergie tout en gardant le même effet de lumière naturelle. »
Installations géothermiques de l’école Curé-Paquin
Le projet de l’école Curé-Paquin a démontré qu’il est possible, aujourd’hui, d’opérer de gros établissements avec peu d’impact environnemental.
« Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire », ajoute M. Boisclair, qui sait que les prochaines années seront déterminantes dans un contexte de changements climatiques. « Au Québec, nous sommes par exemple encore trop dépendants des énergies fossiles, alors même que nous disposons d’une énergie propre et durable avec l’hydroélectricité. »
L’ingénieur voit aussi d’autres niveaux où des améliorations peuvent être apportées, comme les matériaux utilisés en construction. « Le béton, surtout, et les briques ont encore un coût intrinsèque en carbone important. Trouver des alternatives comme le bois, un matériau durable et qui séquestre ce même carbone, aurait un impact énorme sur l’environnement. »
M. Boisclair souhaite également que le grand-public participe à cette évolution, en rendant accessibles et visibles les technologies et les processus durables qui sont mis en place. Au sein de l’école Curé-Paquin, des écrans de télévision affichant en temps réel la consommation d’eau, la consommation d’énergie du bâtiment et la production énergétique des panneaux solaires, permettent de conscientiser les écoliers. Des jardins communautaires pour les élèves sensibilisent aussi la population aux gestes écoresponsables.
Entrée de l’école Curé-Paquin
« Il est certain que des installations géothermiques sont moins visibles que des panneaux solaires photovoltaïques, et la réduction de la consommation d’eau pas encore très populaire vu que cela ne coûte presque rien ici », admet Maxime Boisclair. Mais l’ingénieur croit qu’un jour, toutes ces mesures, visibles ou discrètes, constitueront le futur de la construction. Une bonne résolution à prendre pour l’année à venir, pourquoi pas?
À quoi ressembleront nos écoles dans le futur ? Et plus largement nos bâtiments publics et privés ? Cette question, Maxime Boisclair et l’équipe de la firme GBI se la posent depuis de nombreuses années en intégrant dans leurs projets de construction une vision durable innovante.
Une vision dont l’école primaire Curé-Paquin, située dans le CSS de la Seigneurie-des-Mille-Îles, est un excellent exemple, puisqu’il s’agit de la toute première école canadienne à avoir décroché la précieuse certification Bâtiment à carbone zéro – Design en 2019. Ce qui signifie qu’il s’agit d’un bâtiment à carbone zéro écoénergétique, produisant sur place ou se procurant de l’énergie renouvelable sans carbone pour compenser les émissions annuelles associées à l’exploitation du bâtiment. Il s’agit également d’une construction répondant aux normes LEED certifié Or.
Dire que le projet mené par GBI a marqué les esprits serait un euphémisme. Effectivement, il a été coup sur coup en 2021 lauréat d’un Grand prix québécois du génie-conseil (AFG), du Prix ESTim (Chambre de commerce de l’Est de Montréal), ainsi que du Prix canadien d’excellence et du Prix de l’ingénierie (AFGC).
Maxime Boisclair de la firme GBI et une photo de façade de l’école Curé-Paquin
Il a même été qualifié de visionnaire par Jennifer Drake, la présidente du jury des Prix canadiens du génie-conseil. « Voici ce à quoi le Canada devrait ressembler », a-t-elle indiqué, s’associant aux autres membres du jury qui ont expliqué leur choix en précisant « que ce projet servira de modèle d’école, car il va au-delà des économies d’énergie et sert de guide à la prochaine génération pour ce qui est de l’apprentissage de pratiques durables. »
L’impact du génie-conseil en construction durable
On n’en vient pas à réaliser des projets aussi ambitieux que celui de l’école Curé-Paquin en un claquement de doigts. Maxime Boisclair, qui travaille depuis 18 ans en génie-conseil, a intégré graduellement de nouvelles pratiques dans ses projets.
« On réfléchissait déjà aux économies d’énergie il y a 20 ans, puis la réduction du recours à des énergies fossiles, par exemple en réalisant des bâtiments alimentés par de la géothermie – ce qui est le cas de l’école Curé-Paquin – est arrivée dans un second temps, raconte-t-il. Avec ce projet, nous sommes cependant allés encore plus loin en travaillant de concert avec l’équipe d’architectes pour limiter au maximum les pertes d’énergie dans la bâtisse, ainsi qu’en implantant plusieurs technologies pour réduire la consommation énergétique et l’impact environnemental. »
Il faut cependant rappeler que même si l’école Curé-Paquin fait figure de modèle à suivre, elle ne représente pas encore une panacée dans le milieu de la construction. Voilà pourquoi M. Boisclair interpelle ses confrères, mais aussi les institutions qui commandent et financent les projets, concernant l’importance de les penser en termes de durabilité dès leur genèse.
« Le rôle et la responsabilité des ingénieurs-conseil sont essentiels en matière environnementale. Ils doivent s’adresser à des clientèles qui n’ont pas toutes le même niveau de connaissances et les guider dans leurs choix. Mais cette expertise est encore parfois un peu prise à la légère, en priorisant un budget et des échéanciers au détriment de solutions durables. Or, quand on décide d’équiper une structure d’une alimentation en énergie basée sur des combustibles fossiles, c’est un choix qui aura un impact sur une période de 50 à 75 ans, et qui deviendra donc rapidement un fardeau pénible à porter. »
L’ingénieur-conseil se veut tout de même optimiste. « Beaucoup de clients privés sont conscientisés aux notions environnementales et y voient une plus-value non négligeable. Nous n’avons par contre pas automatiquement la même ouverture de la part des institutions publiques. Mais je pense que tranquillement, nous allons y arriver. »
Maxime Boisclair sait très bien de quoi il parle, puisqu’il doit souvent travailler fort pour convaincre les institutions financières d’accepter de transposer à la construction une partie du budget destinée initialement aux opérations des bâtisses. « Les modélisations énergétiques paraissaient un peu ésotériques au début, avoue-t-il, mais elles sont maintenant très fiables et présentent les économies d’énergie concrètes réalisables en investissant dans des matériaux, procédés et innovations dès l’étape de la construction. »
Bibliothèque de l’école Curé-Paquin
Ingénieuse école Curé-Paquin
Comment parvient-on à réduire de 45 000 dollars par année les coûts en énergie, de 60% cette consommation et de 2880 tonnes celle de CO ² sur une période de 60 ans dans une bâtisse ? En intervenant à tous les niveaux de la conception.
La firme GBI a tout d’abord implémenté plusieurs technologies connues ou plus innovantes dans l’école Curé-Paquin. On retrouve parmi elles un système géothermique pour le chauffage et la climatisation composé de 36 puits géothermiques faisant chacun 300 pieds de profondeur. Ce système est couplé à un accumulateur thermique, qui permet d’emmagasiner de l’énergie lors des heures creuses et de le redistribuer au besoin à certaines périodes de la journée. De plus, un système de récupération d’énergie à très haute efficacité permet de récupérer la chaleur contenue dans l’air évacué afin de préchauffer l’apport d’air neuf.
Parallèlement, un système de contrôle avancé du bâtiment, des planchers radiants et des éclairages DEL contrôlés par des détecteurs de présence ont été mis en place, de même que des panneaux solaires photovoltaïques d’une capacité de 27 kilowatts sur la toiture du gymnase de l’école. Ces derniers à eux seuls permettent de produire sur place 10% de l’énergie nécessaire annuellement pour le bâtiment.
L’équipe de Maxime Boisclair a également travaillé étroitement avec celle de Leclerc Architectes pour concevoir une structure répondant à des normes environnementales élevées. « Ce travail commun est essentiel, explique l’ingénieur, car il y a souvent de grosses pertes d’énergie que l’on peut éviter en pensant mieux l’enveloppe architecturale. Nous avons par exemple optimisé la fenestration de l’édifice en remontant un peu les fenêtres au-dessus du sol, ce qui permet de perdre moins d’énergie tout en gardant le même effet de lumière naturelle. »
Installations géothermiques de l’école Curé-Paquin
Construction durable : prochaines étapes
Le projet de l’école Curé-Paquin a démontré qu’il est possible, aujourd’hui, d’opérer de gros établissements avec peu d’impact environnemental.
« Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire », ajoute M. Boisclair, qui sait que les prochaines années seront déterminantes dans un contexte de changements climatiques. « Au Québec, nous sommes par exemple encore trop dépendants des énergies fossiles, alors même que nous disposons d’une énergie propre et durable avec l’hydroélectricité. »
L’ingénieur voit aussi d’autres niveaux où des améliorations peuvent être apportées, comme les matériaux utilisés en construction. « Le béton, surtout, et les briques ont encore un coût intrinsèque en carbone important. Trouver des alternatives comme le bois, un matériau durable et qui séquestre ce même carbone, aurait un impact énorme sur l’environnement. »
M. Boisclair souhaite également que le grand-public participe à cette évolution, en rendant accessibles et visibles les technologies et les processus durables qui sont mis en place. Au sein de l’école Curé-Paquin, des écrans de télévision affichant en temps réel la consommation d’eau, la consommation d’énergie du bâtiment et la production énergétique des panneaux solaires, permettent de conscientiser les écoliers. Des jardins communautaires pour les élèves sensibilisent aussi la population aux gestes écoresponsables.
Entrée de l’école Curé-Paquin
« Il est certain que des installations géothermiques sont moins visibles que des panneaux solaires photovoltaïques, et la réduction de la consommation d’eau pas encore très populaire vu que cela ne coûte presque rien ici », admet Maxime Boisclair. Mais l’ingénieur croit qu’un jour, toutes ces mesures, visibles ou discrètes, constitueront le futur de la construction. Une bonne résolution à prendre pour l’année à venir, pourquoi pas?
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